- chouïa
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• 1866; ar. maghrébin [vs]uya♦ Fam. Un chouïa : un peu. « Il sortit de cet endroit un chouïa lugubre » (Queneau) . Rajouter un chouïa de poivre.chouïa, chouia ou chouyaadv. Fam. (Emploi nominal.) Un chouïa: un peu.|| n. m. (Maghreb) Petite quantité.⇒CHOUIA, CHOUÏA, CHOUYA, adv.A.— Vieilli [Souvent en emploi interjectif] Chouia-chouia. Doucement :• ... toujours quelque retardataire se présentait, enjambait le banc, et creusait, tant bien que mal, son trou entre deux corps, quitte à soulever autour de soi des protestations féroces :— Ah! ben non, en voilà assez!COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, I, 6, p. 64.Rem. 1. Attesté ds Nouv. Lar. ill.-Lar. encyclop. et QUILLET 1965 s.v. chouïa-chouïa ou chouia-chouia. 2. On relève une autre expr. redondante chouia barca de sens assez indéterminé « assez, doucement » (cf. MOSELLY, Terres lorraines, 1907, p. 102).B.— Un chouia (loc. adv., fam.). Un peu. [Tony] freina un chouïa : les truands sautèrent dans la traction (A. LE BRETON, Du Rififi chez les hommes, 1953, p. 62).♦ Un chouia + adj. — Moi, déclara Zazie, je veux aller à l'école jusqu'à soixante-cinq ans. — Jusqu'à soixante-cinq ans? répéta Gabriel un chouïa surpris (QUENEAU, Zazie dans le métro, 1959, p. 29).— Emploi subst. Un chouia de + subst. Un chouia de tabac (BARBUSSE, Le Feu, 1916, p. 220).C.— Quantité, assez grosse quantité. Pas chouia (loc. adv., fam.). Pas beaucoup. On a du rhum, dit Dandieu. Pas chouya : juste une gorgée pour chacun (SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, p. 172).Rem. D'apr. ESN. 1966, ce renversement de sens procéderait d'une réinterprétation du synt. petit chouya « un petit peu » → « une petite quantité ».Prononc. et Orth. :[
]. Chouia ds QUILLET 1965 et Lar. encyclop. (qui signale qu'on dit aussi choueille). Écrit chouïa avec trémas ds Nouv. Lar. ill., Lar. 20e et ROB. Suppl. 1970 qui ajoute la var. chouya. Noter que ds la docum. la forme répétée chouya! chouya! (supra ex.) est écrite sans trait d'union mais avec des points d'exclamation. Étymol. et Hist. 1. 1866 chouia interj. « attends, sois tranquille » (C. CARTERON, Voyage en Algérie, Paris, p. 39); 1881 chouya! « doucement » (arg. des soldats ds ESN.); 1881 chouia-chouia « comme ci, comme ça, tout doucement » (L. RIGAUD, Dict. de l'arg. mod., p. 98); 2. av. 1870 subst. chouya « petite quantité; un peu » (soldats d'Afrique, ESN.). Empr. à l'ar. magrébien
« un peu » (ar. class.
« id. », dimin. de
' « chose, quelque chose ») (DOZY t. 1, 1967, p. 807b; FREYTAG, Lexicon arabico-latinum, Hall, 1830-35, t. 2, p. 469; FEW t. 19, p. 173a; LANLY 1962, p. 56, 57, 89 et 115). Fréq. abs. littér. Chouya : 10. Bbg. SAIN. Lang. par. 1920, p. 156.
ÉTYM. 1866; arabe maghrébin chouïa, arabe class. šăysăn fǎšǎysăn « petit à petit », puis « un peu ».➪ tableau Mots français d'origine arabe.❖♦ Familier.1 Loc. adv. (Un chouya, un chouïa). Un petit peu. || Tu veux de la gnôle ? — Un chouïa.1 Dis donc, Gil, t'as pas picolé un chouïa ?— T'en fais pas, gosse. C'est avec mon pognon.Jean Genet, Querelle de Brest, p. 244.♦ Devant un adjectif :2 (…) il sortit de cet endroit un chouïa lugubre en utilisant une porte sur laquelle on avait écrit « Entrée » (…)R. Queneau, le Dimanche de la vie, p. 83.2 Adv. (1935). || Chouya : beaucoup (en phrase négative). || Il n'y en a pas chouya.3 On a du rhum, dit Dandieu. Pas chouya : juste une gorgée pour chacun.Sartre, la Mort dans l'âme, p. 172 (1949).4 La beauté, moi je peux t'en causer. La beauté, ça ne veut souvent pas dire chouïa. Celui qui voudrait juger sur la mine…M. Aymé, le Vin de Paris, « Traversée de Paris », p. 58.
Encyclopédie Universelle. 2012.